Les mots oubliés de Lily Haime

 

Résumé : Jimi m’a offert un millier d’ailes et le bleu du ciel pour pouvoir m’y envoler.

Depuis qu’il a quitté l’orphelinat de Saint-Joseph à seize ans, Niko Oulianov ne s’est posé qu’une seule fois : pour Yann. Mais Yann est mort en service et, après deux ans d’un amour exclusif et exigeant, Niko reprend la route, une alliance au doigt et un guide de voyage de l’État de Washington dans le sac – l’unique bien dont il ne se soit jamais séparé.

Six ans plus tard, Niko divague toujours de par le monde. Ses errances finissent par le conduire vers le Nord-Ouest américain. Il échoue à Port Townsend, une petite ville abritée par la péninsule Olympique, où il rencontre une historienne propriétaire d’un bar en faillite, un cuisinier taxidermiste à ses heures, un trio de vieux Rangers, un supposé chamane qui distribue des noms comme des prophéties, un univers qui se dégrade en tant de couleurs... Il y rencontre, surtout, un fascinant réalisateur de documentaires, gavroche sur la tête et caméra à l’épaule. Jimi. Jimi qui, un jour après l’autre, filmera une succession de moments qui tisseront le début de leur histoire.

Le long des sentiers d’une forêt presque infinie, de Port Townsend à la rencontre d’orphelins, derrière un bar ou dans une maison bleue, Niko trouvera sa place parmi des gens particuliers et apprendra la tendresse et la passion d’un amour si différent.

Je tiens à remercier les Editions MxM BookMark pour ce Service Presse et pour leur confiance.

• Editions MxM BookMark
• Sortie le 25 novembre 2020
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• Romance MM - Romance contemporaine

Le bleu est la couleur que je préfère, j'ai donc tout naturellement été happée par cette magnifique couverture. Je ne me serais pas doutée un instant du bouleversement émotionnel qui m'attendait à peine celle-ci tournée.

L'histoire débute au cœur du sujet, Nikolaï Oulianov vient de perdre son compagnon Yann. Debout devant cette stèle froide, il lui dit adieu, du moins à ce qu'il reste du grand amour de sa vie concrètement, car il le sait, il l'emporte, gravé dans son cœur.

Nikolaï, dit Niko reprend la route, rouler, avancer, faire des pauses ici et là, sans jamais rester trop longtemps pour ne pas s'attacher, ne pas se rappeler qu'il n'a nulle part où retourner, sa maison c'est nulle part et partout à la fois. C'est ça être orphelin, ne pas savoir qui on est, d'où l'on vient, mais pouvoir aller où l'on veut.

Il s'était pourtant posé pour lui, pour Yann, pour cet homme mort en héros en faisant ce à quoi il avait consacré sa vie, la police de Miami. Il était le seul à le retenir, il n'a plus de raison de rester, il reprend son guide de l'état de Washington, son bien le plus précieux et cette alliance, le seul symbole extérieur qui reste de son grand amour.

C'est cette errance à travers le pays qui va le mener dans la péninsule Olympique, à Port Townsend plus précisément. Le seul endroit qu'il avait inconsciemment repoussé au cours de son périple, bien que tout lui criait que c'était là qu'il devait se rendre.

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"Les petites villes, elles, avaient des beautés plus singulières ; elles étaient impossibles à ignorer. Elles étaient juste là, perdues sur une côte, lovées dans une vallée ou s'étirant à l'orée d'une forêt. Et si elles me fascinaient tant, c'était surtout parce qu'il y régnait le même genre d'intimité que j'avais toujours imaginé réservée aux familles."
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Il n'aurait jamais pu imaginer tout ce qui allait changer dans sa vie, au moment il a poussé la porte de ce restaurant délabré situé face au port. Il va y être accueilli avec toute la méfiance qu'on accorde dans cette petite ville aux étrangers. Ils ignorent, autant que lui, qu'il va pourtant aider chacun d'eux, aussi excentriques, abîmés, différents soient-ils. Lorsque on porte en soit la colère, la douleur, on reconnaît et on comprend celle des autres, bien malgré soi parfois.

Niko connaît la souffrance, il s'y noie depuis longtemps, encore plus depuis la perte de Yann, il est terrorisé à l'idée de l'oublier, écrasé par la culpabilité de ne plus se souvenir de leur dernier échange. Les moments où ces souvenirs, cette douleur l'étreignent m'ont profondément touchée, j'ai souffert pour lui, j'aurais voulu lui tendre la main et lui dire des paroles rassurantes, apaisantes, alors qu'une petite voix me disait que quelque chose ne cadrait pas, que ce deuil, cette souffrance étaient teintés de nuances, qui m'échappaient presque autant qu'à Niko.

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"On croit que le temps guérit les blessures. Mais le temps ne fait que creuser les plaies. On s'habitue à la douleur, elle ne se soigne pas. C'est un mal incurable que vous portez et que vous ne pouvez expliquer."
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Sa rencontre avec Jimi Mataoka m'a fait penser à une rencontre entre le soleil et la lune. La lumière et l'ombre. Niko va alors commencer une lutte constante entre ce que son cœur le bouscule à ressentir et le souvenir de Yann qu'il pense ne pas avoir le droit de faire disparaître.

Jimi est solaire, souriant, charmant, il va faire preuve de beaucoup de subtilité et de délicatesse pour s'approcher d'un Niko méfiant, mais pas totalement réticent. Jimi est surtout entier, il semble prendre tout avec simplicité, comme si la complicité de la vie glissait sur lui. Il a, pourtant connu le pire chez l'être humain, il a simplement décidé d'en guérir et de continuer à avancer. De derrière sa caméra il fait parler tous ceux qu'on ne voit pas, qu'on ignore. Il donne de la voix à ceux qu'on essaie de faire taire.

Je m'attendais à une histoire de deuxième chance, mais l'histoire de Niko et Jimi est tellement plus que ça. Elle parle de patience, d'évidence, de tolérance, d'acceptation et d'amour. De celui qui vous respecte si fort, qu'il vous donne des ailes pour vous envoler, sachant que vous reviendrez, parce qu'il ne peut en être autrement. De cet amour qui déborde tellement, qu'aucune barrière ne peut le contenir.

Le titre et la couverture prennent tout leur sens au fur et à mesure de l'histoire, et c'est quelque chose que j'aime particulièrement. Les mots oubliés ceux qu'on ne veut pas se rappeler. Ceux que nous aurions dû dire mais que nous avons choisi de taire parce que parfois ça fait moins mal.

La plume de l'auteur m'a beaucoup surprise. Lily Haime arrive à insuffler de la poésie dans les personnages autant que dans les paysages, qui prennent vie sous ses descriptions. Les émotions sonnent vraies, même dans les moments charnels, elle arrive à y glisser un érotisme d'une grande beauté.

Je dois avouer que j'attendais beaucoup de cette lecture et elle a largement tenu, voire dépassé mes attentes. Le mot fin est arrivé trop vite à mon goût, j'aurais voulu rester encore un peu avec toutes ces personnes singulières, un brin farfelues, à contempler cette immense forêt et regarder les étoiles en pensant que les choses n'arrivent peut-être par hasard. Quelque part il y a un chamane qui sait et nous guide.