NOAN de Matthieu Biasotto


Résumé : Elle n’était pas prête. Personne ne peut l’être.

En prêtant serment après son doctorat, Ellyn ne pensait pas un jour avoir besoin de tout arrêter, ni son cabinet, ni sa vie de couple. Médecin de campagne au sud de la Grèce, elle ne s’imaginait pas devoir fuir la violence de son conjoint. Encore moins accepter un dernier patient sous la contrainte et éponger le sang d’un inconnu blessé par balle.

Un intrus étrangement calme, même dans la douleur. Silencieux, mais redoutable. Aussi inquiétant que ses yeux ambrés, un regard tourmenté et orageux. Celui d’un animal à l’instinct de prédation évident, un reptile. Un python. Victime ténébreuse ou gangster peu loquace, tout chez lui transpire la menace. Qui est-il ? Que compte-t-il faire d’elle ?
Ellyn voulait simplement échapper à son existence. Pourtant, sa vie, tout comme celle de ce patient, ne tient plus qu’à un fil. Une suture dont elle ignore l’issue, tant sur le plan médical que pour sa propre survie dans les minutes qui vont suivre…

Définitivement, elle n’était pas prête. Personne ne peut l’être. Ni elle, ni lui.

Des Cyclades, au Péloponnèse, d’Athènes jusqu’aux reliefs les plus reculés, plongez dans une romance hors normes au parfum sombre et au suspense envoûtant.



Je tiens à remercier l'auteur, Matthieu Biasotto, pour ce Service Presse et pour sa confiance.

  • Auto-édition
  • Sortie le 16 octobre 2020
  • Lien d'achat : cliquez ici
  • Romance contemporaine - Suspens


Arrivée au mot fin de ce livre cette nuit, avec les émotions encore à fleur de peau, la playlist collant à la perfection à l'histoire, à nouveau chantant dans mes oreilles, j'essaie de trouver les mots justes, délicats, précieux qui rendraient hommage à Noan, mais surtout à la plume de l'auteur.

Les émotions dans lesquelles Matthieu Biasotto nous plonge tant au travers de ses personnages à l'identité forte que par le choix de ses mots, a provoqué une palette très colorée d'émotions en moi. A tel point, que je suis revenue en arrière dans ma lecture le temps d'une phrase, d'un paragraphe, juste pour le plaisir de relire la beauté du phrasé.

Dès le prologue nous découvrons un peu celui qui se fait appeler Python. Cet homme à qui son regard et son sang-froid, donnent parfaitement raison sur le choix de ce pseudonyme. J'ai tout de suite été intriguée par ce personnage, apeurée aussi. Non pas par lui, mais pour lui. Par ce que nos tripes présentent, ce qui a pu être sa vie, son enfer. On va d'ailleurs découvrir au fur à mesure de l'avancée de notre lecture que nous sommes loin du compte.

Sous le costume de leader, qu'il n'a jamais voulu, qui pèse sur lui comme du plomb, se cache un homme profondément blessé, détruit, en colère contre ceux qui ont insufflé la rage de vengeance sous sa peau. Il s'est vu propulsé à la tête de cette association particulière, qui exerce dans l'ombre, par une erreur de jugement qui le plonge dans une culpabilité et un besoin de reconnaissance si puissant qu'il voilera parfois son jugement, mettant en danger son équipe, ses amis, ses frères.

C'est comme ça qu'il va échouer dans le cabinet de campagne d'un médecin généraliste sur le départ. Il ne se doute pas un seul instant à ce moment-là, à quel point cet incident va donner un tournant radical à la suite des événements. Difficile de cadenasser un congélateur lorsque tout est tenté pour le faire voler en éclats.

Ellyn vue de l'extérieur est un médecin généraliste qui soigne les bobos du quotidien, tout en menant une vie, somme toute, monochrome. La réalité est aux antipodes de cette version propre et sans anicroches. Elle est inexorablement engloutie dans la roue de la violence. Les mots, le coup de trop vont lui donner le peu de courage qu'il faut pour une fuite en avant, car malheureusement pour affronter son bourreau il en faut plus et la peur se charge de lui insuffler qu'elle n'est pas de taille.

Elle ne pensait cependant pas en allant répondre à la sonnette de son cabinet une dernière fois que du courage il allait lui en falloir. Bien plus que pour encaisser les coups d'un mari violent. Elle s'avérera pourtant étonnamment courageuse dans des situations où elle est poussée au bord de la falaise. C'est là qu'elle voudra reprendre les rennes sur sa vie, faire vivre la femme qui gît aux tréfonds de son âme.

Elle va tenter, oser et se laisser prendre dans des filets qu'elle n'a pas vu venir et qu'elle n'aurait probablement pas rejeté, même si cela avait été le cas.

Ses émotions vont être juxtaposées, à plusieurs reprises à celles de Python. Si semblables et si différents à la fois. Leurs échanges sont d'une force inouïe. Que ce soit pour crier leur mécontentement, leurs émotions à demi voilées ou même lors des quelques échanges du tac au tac qui apportent une touche de légèreté.

C'est une histoire qui parle de colère, de rage parfois même. Comment pourrait-il en être autrement alors que l'auteur aborde le pire de l'humain, pour autant que l'on puisse encore nommer cette espèce de la sorte.

Il y aborde la colère sous différentes facettes :

La colère de celui qui abreuvé par un poison légal va se perdre jusqu'à un acte illégal.

La colère de l'ange de rue, démon de maison, qui par une simple signature civile va prétendre à un droit de possession.

La colère de celle qui ayant assisté à une tragédie, aura par la suite vécu pire, et sans le savoir, éviter l'innommable.

La colère de ce mentor, ce père qui se veut trahi.

La colère d'une enfance avortée, salie, effacée par des actes que seuls des monstres peuvent commettre.

Chacune de ces colères, de ces réactions m'ont prise au ventre, faisant écho en moi. J'ai partagé leur hargne de ne pas, plus se laisser faire. L'auteur nous traîne dans le bas de la déchéance humaine, il nous rappelle que tous les prédateurs ne sont pas d'espèce animale. Les monstres les plus dangereux se camouflent en société, une fois la porte de leur côté sombre ouverte, ils ne connaissent plus de limites.

J'ai aimé les cas de conscience qui sont glissés dans leur histoire. Ils nous interrogent sur la barrière entre le bien et le mal. Peut-on se faire justice soi-même ? A quelles conditions ? A quel prix ? Lorsque nous avons été l'outil de la noirceur de l'esprit d'un être sans âme, nous effaçant au point de transformer notre sang en venin, ne pourrait-on pas accepter que ce soit la seule issue possible ? Si la violence est présente au quotidien, doit-on la laisser se glisser dans la normalité, la rendre acceptable ?

Rage contre déni.

Vengeance pour la reconnaissance.

Solitude sur l'impuissance.

Confiance contre peur.

Amour pour effacer la noirceur.

L'intrigue est extrêmement bien menée, dosée juste ce qu'il faut, mais malgré tout, nous tenant en haleine sur la longueur. L'auteur nous épargne des explications détaillées sur le sordide, mais nous fait comprendre le nécessaire, lorsque cela s'avère utile pour l'histoire.

Il y a une chose que je tiens particulièrement à souligner, tant cela m'a plu. C'est la façon qu'à l'auteur de nous raconter les passages charnels, qui n'ont de charnel que le fait que deux peaux se rencontrent, tant c'est écrit avec délicatesse. Dosé en sensualité, tout en poésie et finesse. A tel point que j'ai relu certains passages pour leur beauté, et le double sens imagé que l'auteur y a, parfois glissé et qui m'a émue.

Une première découverte de cet auteur, vers qui je voulais aller depuis longtemps, mais dont le temps m'a manqué. Je n'ai qu'un regret, c'est de ne pas lui avoir fait une place dans mon planning plus tôt.

C'est un vrai coup de cœur, de ceux qui vous marquent au point de vous sentir quelque peu orpheline au mot fin. Les romances avec intrigue est mon genre préféré dans ce registre, j'ai donc tendance à être pointilleuse. Matthieu Biasotto avec Noan a répondu à mes exigences au-delà de ce à quoi j'aurais pu aspirer.

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